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On ne peut plus parler des étrangers comme dans les années 30 par Gilles Wallon, entretien de Gérard Noiriel (lesinrocks.com, 19/12/2009)
Quel bilan faites-vous du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, deux ans et demi après sa création ? En 2007, à l'annonce de la création de ce ministère, nous avons été un groupe de huit historiens à démissionner du conseil scientifique de la Cité de l'immigration. Dans l'histoire de la France, le discours sur l'identité nationale a toujours servi à stigmatiser l'étranger. A l'époque, Brice Hortefeux nous a reproché de lui faire un procès d'intention : le ministère n'avait encore rien mis en place. Mais force est de constater que nos craintes se sont réalisées. Il multiplie les expulsions, place des enfants en centres de rétention; on crée un délit de solidarité... La France a été la première nation à proclamer un droit d'asile. Tout un pan de son histoire est foulé aux pieds. [...]
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Identité nationale : refuser ce débat par Tzvetan Todorov (Slate.fr, 29/11/2009)
L'expression «identité nationale» recouvre plusieurs réalités bien distinctes. Il existe une culture nationale, culture française en l'occurrence, qui partage les caractéristiques de toutes les cultures de ce type. A savoir : elle est en perpétuelle transformation (le pays que nous appelons la France, pour ne prendre que cet exemple, a une population qui s'est réclamée d'abord du paganisme, ensuite du christianisme, enfin de la laïcité); et elle est plurielle, car tous les membres d'une société ne partagent pas les mêmes convictions : par exemple, cohabitent aujourd'hui en France des catholiques, des protestants, des juifs, des musulmans et, bien sûr, de nombreux athées. La culture ne se réduit évidemment pas à la religion, en font partie aussi la langue, l'histoire, les codes de comportements, les traditions, les œuvres d'art. Un ministère est chargé de transmettre à tous les habitants du pays une sélection de ces caractéristiques culturelles, c'est celui de l'Education nationale (par un enseignement, obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans). Mais cette sélection elle-même n'est pas inamovible, et tous les dix ou vingt ans le ministère fait réviser par des spécialistes les programmes d'enseignement. [...]
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Identité nationale, où est le problème ? par Eric Fassin et Michel Feher (MEDIAPART, 16/12/2009)
Le 15 décembre, un sondage fait la une du New York Times: il analyse le coût humain du chômage. 26% des personnes sans emploi ont perdu leur logement, ou sont menacées d'éviction; 60% ont dû puiser dans l'épargne de leur retraite; 47% sont privées d'assurance maladie. Aux États-Unis, on discute d'ailleurs beaucoup de la réforme de la couverture santé : l'avenir du grand projet de Barack Obama est incertain. Cela n'empêche pas un débat national sur l'Afghanistan, assumé par le président. Bref, de nombreux problèmes... [...]
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L'Europe au risque des régressions identitaires par Etienne Balibar (Libération.fr, 21/12/2009)
En cette fin d'année - et de décennie - l'actualité et la mémoire se croisent autour de quelques images, révélatrices de la façon dont évolue la «question d'Europe». L'effet en est plutôt discordant. C'est l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, qui semble vérifier l'avancée vers un avenir «post-national», même au prix de compromis en matière de démocratisation et d'extension des droits. Mais c'est aussi la dérive raciste des opinions publiques, dont la «votation des minarets» est le signe (justement parce que la Suisse, qui n'est pas officiellement membre de l'UE, nous renvoie notre image en miroir). A quoi il faut associer le bilan équivoque des vingt ans de réunification du continent européen. Rien de simple, rien d'homogène, rien de fatal. Mais une question lancinante : qu'est-ce qui l'emporte aujourd'hui, des premiers pas d'une nouvelle citoyenneté ou des régressions identitaires ? Les réflexions que je propose sont assez pessimistes. Mais elles veulent suggérer qu'il y a toujours plus de possibilités d'évolution, ou de bifurcation, qu'on n'imagine à l'avance. [...]
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La France sous contrôle identitaire ? Une lecture anthropologique par Michel Agier (Le Monde, 11/11/2009)
Au lendemain de l'élection présidentielle de mai 2007, la création du ministère de l'identité nationale a lancé sur la scène publique des mots qui désignent l'étranger séparé d'un "nous" national. Ils furent dans le même temps les mots d'un mystérieux secteur de gouvernement dont on ne voyait pas bien la fonction, submergée par tant de symboles : "identité" comme cause nationale, "intégration" comme autre mot de l'exclusion, "immigration" comme problème identitaire... Une initiative gouvernementale agressive, mais juste politicienne, disait-on (plaire à l'extrême droite pour "neutraliser" le FN ?). Les mots des sciences sociales étaient retournés, instrumentalisés, les chercheurs et les militants associatifs et politiques se sentaient concernés pour en débattre, préciser leurs idées. Mais le ministère et le président Sarkozy n'ont pas franchement poursuivi le débat ! Pendant ce temps, le ministère de l'immigration et de l'identité nationale a constitué non pas son "objet" mais ses "objectifs", affichés, chiffrés : 27 000 expulsions d'étrangers par an. Et soudain, contre toute attente, un "débat" est annoncé. Non pas pour discuter de l'existence même de ce ministère mais pour décider "sans tabou" de ce que doit être l'identité nationale... [...]
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