Supprimer le ministère de l'identité nationale : alors que le débat lancé par le ministre de l'immigration, Eric Besson, s'enlise, l'appel lancé, le 4 décembre 2009, par une vingtaine de chercheurs en sciences humaines s'étend. "Il est temps aujourd'hui de réaffirmer publiquement, contre ce rapt nationaliste de l'idée de nation, les idéaux universalistes qui sont au fondement de notre République", dit l'appel, lancé notamment par Etienne Balibar, Eric Fassin, Françoise Héritier, Laurent Mucchielli, Pap Ndiaye, Gérard Noiriel et Patrick Weil.
Mise en ligne le 7 janvier, la pétition a recueilli plus de 20 000 signatures. Elle est soutenue par une douzaine d'associations dont le Conseil représentatif des associations noires (CRAN), la Ligue des droits de l'homme (LDH), SOS-Racisme et est reprise par l'ensemble des partis de gauche - du NPA jusqu'au PS en passant par le PRG - ainsi que par le MoDem.
"La création de ce ministère relève d'une approche qui enferme l'identité nationale dans des critères d'appartenance et donc d'exclusion. L'identité de la France ne doit pas faire l'objet de normes définies par l'Etat : elle se construit tous les jours au sein du corps social. Le débat (...) mis en scène par le gouvernement ne fait qu'amplifier encore le risque d'enfermement identitaire", relève Sandrine Mazetier, en charge de l'immigration au PS.
Lors d'une conférence de presse, organisée lundi 11 janvier à l'Assemblée nationale par le collectif de chercheurs, Mme Mazetier devait rappeler l'opposition du PS à la création d'un ministère de le l'immigration et de l'identité nationale dès que Nicolas Sarkozy avait lancé l'idée lors de la campagne présidentielle, en 2007.
"Nous avons tous plusieurs identités : européennes, nationales, régionales, culturelles, cultuelles... Avec la création de ce ministère, le gouvernement s'accroche à l'impossible définition d'une identité nationale au singulier, appuie Jean-Luc Benhamias, vice-président du MoDem. Il est indispensable de revenir à une gestion humaniste du droit d'accueil, de l'asile, questions qui n'ont strictement rien à voir avec l'identité nationale."
En lançant cet appel, les chercheurs ont voulu renverser la perspective du débat. "Au lieu de débattre sur le contenu de l'identité nationale, il s'agit de prendre à partie la politique menée et remettre en cause l'existence même de ce ministère", explique le sociologue Eric Fassin. "Il ne s'agit pas de nier que des politiques de l'immigration soient nécessaires. Mais de contester le fait que l'immigration, l'intégration, soient rapportées à l'identité nationale et inscrites comme problème pour la France", appuie l'anthropologue Michel Agier. |